Source: AP
Le leader séparatiste Nnamdi Kanu attendant son audience dans le cadre de charges liées au terrorisme, à Abuja, au Nigeria, le jeudi 20 novembre 2025.
Un tribunal nigérian a condamné le 20 novembre à Abuja le chef séparatiste Nnamdi Kanu à la prison à vie après l'avoir reconnu coupable de sept chefs d'accusation liés au terrorisme. Ce verdict, prononcé à l'issue d'un procès qui a duré près d'une décennie, risque de raviver les tensions dans le sud-est du pays.
Un tribunal nigérian a condamné, le 20 novembre à Abuja, le leader séparatiste Nnamdi Kanu à la prison à vie après l'avoir reconnu coupable de l'ensemble des sept charges de terrorisme retenues contre lui, au terme d'un procès long de dix ans qui a attisé les tensions dans le Sud-Est du Nigeria.
Le juge James Omotosho a estimé que l'accusation avait démontré que les discours et directives de Kanu, adressés au mouvement aujourd'hui interdit des Indigenous People of Biafra (IPOB), avaient incité à des attaques meurtrières visant les forces de sécurité et des civils.
Selon la justice, ces violences s'inscrivaient dans la campagne menée par Kanu pour la création d'un État indépendant du Biafra dans cette région à majorité igbo, qui avait déjà tenté de faire sécession en 1967, déclenchant une guerre civile de trois ans ayant causé plus d'un million de morts.
Les abords du tribunal d'Abuja étaient fortement sécurisés en raison de craintes de manifestations et de violences. Des analystes avertissent que cette condamnation pourrait attiser les sentiments séparatistes et compliquer les efforts visant à ramener le calme dans la région, où les autorités attribuent à l'IPOB une série d'attaques meurtrières.
Le juge Omotosho a rejeté la demande du parquet d'appliquer la peine de mort, déclarant qu'il devait « tempérer la justice par la miséricorde » malgré « l'arrogance » et « l'absence de remords » de l'accusé. « La peine capitale est de plus en plus rejetée par la communauté internationale. Dans l'intérêt de la justice, je condamne donc l'accusé à la prison à vie », a-t-il affirmé.
« Son intention était claire : il croyait en la violence. Ces menaces n'étaient rien d'autre que des actes terroristes, exécutés par ses partisans », a ajouté le juge.
Kanu a également écopé de 25 ans d'emprisonnement supplémentaires pour deux autres charges, sans possibilité d'amende. Les peines seront purgées simultanément. Il dispose de 90 jours pour faire appel.
Kanu dénonce un procès inéquitable
Arrêté de manière controversée au Kenya en 2021 puis extradé, Kanu est en détention depuis cette date. Pendant l'audience, il a protesté avec virulence et a été expulsé de la salle avant le prononcé du jugement. Il affirmait que son extradition illégale compromettait toute chance de bénéficier d'un procès équitable.
Ce verdict intervient après des mois d'une saga judiciaire marquée par l'intervention de quatre juges successifs. Le gouvernement avait clôturé son dossier après avoir fait témoigner cinq personnes, tandis que Kanu refusait d'ouvrir sa défense, soutenant que la loi nigériane sur le terrorisme avait été abrogée et que les charges étaient donc caduques.
Sa requête de non-lieu a été rejetée en septembre. Kanu venait alors de limoger son équipe de défense en pleine audience. Le juge lui avait donné plusieurs occasions de présenter une défense.
Début novembre, Omotosho avait estimé que Kanu avait perdu le bénéfice des six jours prévus pour sa défense et que le tribunal ne pouvait faire autrement que de clore la procédure.
Nnamdi Kanu, citoyen nigérian et britannique, avait déjà été poursuivi en 2015. Libéré sous caution en 2017, il avait quitté le pays avant d'être de nouveau arrêté quatre ans plus tard.